
Il connaissait Jin depuis toujours, il l'avait vu se battre sur la glace pour atteindre les plus hautes marches des podiums. Toute leur jeunesse, ils l'avaient passé tous les deux sur la glace, tous les samedis, tous les dimanches, ils n'avaient fait que patiner.
Il n'avait jamais eu le talent de Jin, alors que le brun arpentait le pays pour les compétitions, lui s'était orienté vers l'entrainement.
Il préférait aider les enfants que le stress des concours.
Il avait trouvé un poste d'entraineur dans la patinoire qu'ils fréquentaient tous les deux plus jeunes. Jin venait le voir régulièrement, et profitait de la glace pour montrer ses programmes à son meilleur ami, qui n'avait pas sa langue dans sa poche.
Il avait toujours été le seul à pouvoir le remettre à sa place, et à lui dire ce qu'il pensait réellement de son travail.
Il avait été là dans le moment les plus sombres de Jin, il avait été celui qui l'avait relevé quand il était au plus bas.
Yusuke se leva, puis se dirigea vers la cafetière, il prépara trois tasses, et les rapporta sur la table.
Kazuya semblait dans ses pensées, il n'avait pas dit un mot depuis que Jin l'avait assis sur cette chaise. Il tremblait, il ressemblait à un enfant terrorisé. Il ne savait pas quel avait été le contenu de ce cauchemar, mais celui-ci l'avait terrifié au point qu'il semblait encore y être prisonnier.
Lorsqu'il était resté auprès de Jin, lui aussi avait eu des cauchemars, mais lorsqu'il se réveillait il lui fallait quelques secondes pour revenir, là pour Kazuya ça faisait quinze minutes, et il était toujours absent.
Jin tenta de lui toucher la main pour le faire réagir, mais la réaction ne fut pas du tout ce qu'il avait voulu.
Kazuya retira sa main vivement et se releva en faisant tomber tasse et chaise. Il frotta ses mains sur ses jambes frénétiquement, puis il se dirigea vers le lavabo et fit couler l'eau.
Il attrapa le savon et se lava les mains, encore, encore et encore. Frottant à s'en faire rougir la peau.
C'est alors que Jin se rendit compte que l'eau qui coulait était chaude, trop chaude. Il se précipita alors vers le plus jeune, il passa ses bras autour de sa taille et le tira en arrière alors que Yusuke coupait l'eau.
Kazuya tentait de se débattre, il s'agitait et semblait complètement parti, comme s'il n'était pas présent. Il pleurait et criait.
Yusuke aida Jin à le maintenir afin qu'il ne se blesse pas plus. Jin lui murmurait à l'oreille essayant de le calmer, il lui caressait les cheveux et le berçait.
Le plus jeune commença à marmonner.
— Je suis sale, faut que je me lave. Je suis sale. Il n'y a que comme ça que je serai digne de son regard. Je dois être propre, je.. je.... Elle a dit qu'il fallait que ce soit chaud, ça fait mal, ça fait mal Sasuke aide moi, je ne veux plus. Ne la laisse pas faire, s'il te plaît, non, nonnn.. j'....mal..
— Chut Kazuya c'est Jin, chut calme toi. Calme-toi, tu n'es pas sale, tu n'es pas sale. Chut Kazuya.
— Bordel, mais qu'est-ce qui se passe avec lui.
— Prends le torchon et mouille-le avec de l'eau froide pour ses mains s'il te plait Yu.
— Ouais.
— Kazuya, reviens là. Écoute-moi, c'est Jin. Tu es chez moi en sécurité, elle ne peut rien faire ici. Regarde autour de toi. Reviens, reviens.
Il déposa un baiser dans sa nuque, et continua de le bercer, jusqu'à ce que les sanglots du plus jeune se calment.
Yusuke s'occupa de passer le torchon humide sur les mains de Kazuya et s'assura que celles-ci ne soient pas brulées.
Au bout de trente minutes, Kazuya cessa de balancer, il fixa le mur en face de lui, et plissa les yeux.
— Jin ?
— Je suis là
— Jin, je suis désolé, je suis désolé. C'est encore arriver, ça ne devait pas. Je suis désolé.
Des larmes se remirent à couler et Jin le retourna face à lui. Il attrapa son visage en coupe, caressa de ses pouces ses joues.
— Kazuya, chut c'est bon. On va se lever d'accord, parce que le carrelage c'est froid et pas très confortable.
Un petit sourire étira les lèvres tremblotantes du plus jeune.
— On va aller s'installer dans le salon sur le canapé, et une fois que tu seras calmé et réchauffé, si tu le veux, tu nous parleras, tu nous expliqueras ce qu'il vient de se passer et ce qui selon doit ne devrait pas se passer.
Yusuke aida Jin à le redresser, et tous les trois s'installèrent près de la cheminée, Yusuke sur le fauteuil, Jin et Kazuya sur le canapé.
Kazuya était épuisé, il avait l'impression d'avoir patiné pendant des heures. Son corps lui faisait mal, il sentait une migraine pointer le bout de son nez, et maintenant Jin allait le prendre pour un fou.
Il ne savait plus ce qu'il devait faire, cela faisait plusieurs semaines, qu'il n'avait pas fait de crises. Depuis qu'il était arrivé ici, il avait recommencé à faire des cauchemars. Il avait lutté un maximum contre, mais la fatigue l'avait emporté.
À Tokyo, il avait trouvé le moyen de chasser tout ça, il lui suffisait de sortir, de boire, de baiser, et il pouvait dormir quelques heures.
Il pouvait sentir la caresse de la main de Jin sur sa jambe. Il ferma les yeux essayant de calmer les battements de son c½ur.
— Tu peux nous expliquer ce qu'il vient de se passer ?
— YU
— Bah quoi, tu ne crois pas que tu devrais savoir. Il vit chez toi, si ça se reproduit tu devras bien savoir quoi faire.
— Ça ne se reproduira pas.
— Comment tu peux en être sûr Kamenashi, tu l'as dit toi-même tout à l'heure que ça ne devrait pas, mais c'est quand même arrivé. Alors, explique-nous. Des cauchemars, ça peut se régler, mais ça, c'est plus grave.
Kazuya grogna, il savait que c'était grave, il en avait conscience. Il savait que ça pouvait faire peur, il avait lui-même eu peur la première fois, lorsqu'il s'était retrouvé sur le toit de son immeuble, en caleçon, fixant le vide. C'était le froid de la nuit qu'il l'avait réveillé. Après ça, il y avait eu la douche bouillante en pleine après-midi, la forêt dans laquelle il s'était perdu en faisant son jogging qu'il ne se rappelait pas avoir commencé. Mais la fois qu'il l'avait terrifié avait été celle de la veille du championnat, lorsqu'il s'était réveillé dans sa salle de bain face au miroir, il avait marqué dessus avec du savon « sale » et il tenait une lame de rasoir dans sa main au-dessus de son poignet. Si Ueda n'avait pas frappé comme un malade sur la porte, il ne savait pas ce qu'il se serait passé. Depuis, ce jour-là, il faisait tout pour ne pas faire de crises. Il avait réussi à faire en sorte que personne ne soit au courant. Il avait lutté pendant plusieurs mois, et là il n'avait pas pu empêcher que ça arrive. Il était vraiment épuisé, à bout.
— Kazuya tu n'es pas obligé, mais tu es là parce que tu as besoin d'aide. Tu es en sécurité ici. Il ne peut rien t'arriver.
— Ça, tu ne peux pas en être sûr.
— Pourquoi ?
— Parce que le danger ce n'est pas l'endroit, le danger c'est moi. Je ne sais pas ce que je peux faire quand ça arrive.
— Est-ce que ça fait longtemps que tu as ce genre de..
— Crises ? Quelques mois je crois. Mais pas depuis un moment, d'habitude je sais comment éviter, mais ici tout est différent, je suis fatigué, j'ai dû repatiner alors que je ne voulais pas, j'ai dû venir ici alors qu'à Tokyo je pouvais gérer, j'y arrivais.
— Pourquoi tu n'y arrives pas ici ?
Yusuke fronça les sourcils, puis il comprit.
— Alcool, baise, sorties n'est-ce pas. Tout ce qui pouvait t'abrutir suffisamment pour que tu t'écroules.
— Au moins, ça fonctionnait
— Ça n'a jamais été une solution. Est-ce que tu as consulté un médecin au moins ?
— Pour qu'il me dise que je suis fou, non.
— Tu n'es pas fou Kazuya. C'est pour ça que tu as arrêté de patiner ?
Kazuya remonta ses genoux contre sa poitrine et posa son front dessus. Ce n'était pas la cause de son arrêt de la compétition, même si cela avait commencé au même moment. Non, tout avait été déclenché par son souvenir, ces souvenirs.
Le choix avait été facile, mais les conséquences avaient été elles douloureuses. Maintenant il devenait de plus en plus difficile de garder tout ça pour lui. Il ne pouvait pas monter sur la glace sans que sa voix ne résonne dans sa tête, il ne pouvait pas voir son reflet sans y voir cette image qu'elle avait de lui et il ne pouvait plus regarder ses amis sans imaginer ce qu'ils pourraient leur arriver.
Il tourna la tête et plongea ses yeux dans ceux de Jin. Il essayait de trouver la réponse à cette question qu'il se posait depuis toujours. Est-ce qu'il pouvait lui faire confiance, est-ce qu'il le croirait ? N'allait-il pas le rejeter ? Lui dire que tout ça, c'était dans sa tête ? Lui-même ne savait plus si ce dont il se souvenait avait été réel. Il avait envie de pleurer, de se laisser aller. Et c'est ce qu'il fit.
Il poussa un gémissement et de nouvelles larmes firent leur apparition. Jin l'encercla de ses bras.
— Elle a tué mon père, elle voulait nous tuer tous les deux, elle...
Tininy, Posté le vendredi 19 janvier 2018 10:26
kame1582 a écrit : " "
Merci beaucoup pour ton commentaire. La suite viendra bientôt